L'ancienne gare des Brotteaux a eu, on peut le dire plusieurs vies à son actif. Suite à l'arrivée des TGV et depuis la vente de la gare des Brotteaux par la SNCF en 1983, de nombreux projets se sont succédés et ont été abandonnés sous l'indifférence de la ville de Lyon.
La fin de la Gare en tant que telle
Selon une source de la Métropole de Lyon, "l'objectif poursuivi est de ranimer le bâtiment de la gare des Brotteaux en créant des activités commerciales et tertiaires, dans le respect de l'unité architecturale." Le projet d'une telle envergure avait donc un coût, c'est pourquoi la SNCF espérait obtenir lors de la vente du batiment 30 Millions de francs à l'époque, et n'aura finalement vendu la gare des Brotteaux que pour 8 MF.
La gare des Brotteaux a été fermée définitivement au trafic voyageur au soir du 12 juin 1983.
En 1985, la charpente métallique couvrant les voies, et aussi dénommée " grande halle " a été démolie de mai à juillet et les installations de marchandises ont été rasées. Le bâtiment des voyageurs conserve son décor d'époque avec des toiles des peintres Charles Lacour, Antoine Barbier, C. Gitrier et Clovis Terreire, représentant des paysages des lignes desservies.
Classé monument historique, ce symbole de l'épopée des chemins de fer, et de la ligne PLM (Paris-Lyon-Méditerrannée), exigeait une réhabilitation respectueuse du passé. Il s'agissait d'allier tradition et modernité, en tirant le meilleur parti d'un cadre dédié désormais aux ventes aux enchères.
Tout ce qui témoignait ici de l'influence de l'Art Nouveau a donc été sauvegardé, telles les structures architectoniques repeintes dans leurs couleurs d'origine, et les fresques de Charles Lacour (Le Lac Léman) et Antoine Barbier (Le Port de Marseille).
La gare des Brotteaux en 1982, juste avant le démantèlement de la charpente | Collection Tatig Tendjoukian
Le Projet de salle des ventes aux enchères
L’ architecte Yves Heskia a passé près de 5 ans à peaufiner près de sept projets au total sans en voir un seul aboutir à l'époque. Selon le journal L'Écho "chaque jour Yves Heskia passait devant la gare en l'insultant". De plus, l’architecte était un proche de l'ancien commissaire-priseur Jean-Claude Anaf, qui rêvait d'acquérir une partie de la gare des Brotteaux afin de mettre en place une prestigieuse salle des ventes digne des plus grandes.
Heureusement, ses rêves deviennent réalité en 1987, date à laquelle les promoteurs de Sogelym ont assuré la transaction avec la SNCF pour le compte de l’aménageur, le groupe GTM. La société des Grands travaux de Marseille investira en tout 20 MF dans les 6500 m2 de l’ensemble. Un programme de bureaux en grande partie réservé devrait être livré fin mars.
Le commissaire-priseur Jean-Claude Anaf inaugure donc sa prestigieuse salle des ventes le 16 février 1989. Plus de 1800 personnes ont répondu présent aux 2000 cartons d'invitations envoyés.
La salle des pas perdus en pleins travaux | Source Bibliothèque Municipale de Lyon
Des mètres carrés bien occupés
Aujourd'hui les 7500 m² de l'ancienne gare des Brotteaux abritent de nombreux copropriétaires privés et ainsi que l'hôtel des ventes, des bureaux, restaurants, bars et une discothèque.
Classé monument historique, cette protection concerne l’ensemble des façades, des toitures ainsi que la salle décorée des pas perdus. Il convenait donc de conserver ce monument.
De 2002 à 2006, sous la maîtrise d'ouvrage déléguée de l'atelier d'architecture Arche et la maîtrise d'oeuvre de Didier Repelin, architecte en chef des Monuments historiques le chantier de rénovation des façades et toitures sont restaurés.
La dépense, légèrement supérieure à 7,1 millions d'euros, sera subventionnée par la ville à hauteur de 400 000 euros et par l'Etat pour 700 000 euros.
L'Hôtel des Ventes lors d'une expertise