Adjugé, vendu ! Voilà la nouvelle phrase emblématique de la Gare des Brotteaux. Grâce à Me Jean-Claude Anaf ce magnifique édifice entame sa nouvelle carrière : Hôtel des ventes renommé et international.
Le soulagement de l'architecte
Après des années d’inquiétude sur l’avenir de ce bâtiment suite à la fermeture de la Gare des Brotteaux en 1981, ce lieu de prestige n'a pas retrouvé repreneur avant de nombreuses années. Selon le journal de Libération, de 1983 à 1987, les projets avortés se sont succédés sous l’oeil indifférent de la Ville de Lyon - ainsi que de Raymond Barre, député de la circonscription - qui a toujours vu dans ce dossier une affaire privée. L’architecte Yves Heskia se rappelle les cinq années passées à peaufiner projets sur projets (près de sept) jusqu’à perdre haleine : « Chaque jour je passais devant la gare en l'insultant... » avoue-t-il aujourd’hui en riant.
La gare des Brotteaux avant travaux, désaffectée | Source Bibliothèque Municipale de Lyon
Une nouvelle vie pour la Gare
Classé alors monument historique, la Gare des Brotteaux symbolise l'épopée des chemins de fer et de la ligne PLM (Paris-Lyon-Méditerranée). Pour le commissaire-priseur, l'investissement est bien évidemment colossal, mais il en vaut la peine. Ainsi pour Jean-Claude Anaf, présenter les objets de ses clients dans un lieu digne et majestueux, sera impactant pour chacune des ventes qu'il réalisera. Le résultat sera incroyable ! Le commissaire-priseur rachète donc en 1986, l'ancienne Gare des Brotteaux.
Inauguré en 1989, le nouveau Hôtel des Ventes fait la fierté des Lyonnais et de son nouvel acquisiteur. Les enchères spectaculaires comme le célèbre tableau des Clowns Musiciens de Bernard Buffet vendu à 846 000€ propulse la salle des ventes au 2ème rang des plus grandes places mondiales du marché de l'art. S'en suivront ensuite d'autres ventes comme "le vase aux libellules" d'Emile Gallé adjugé à 362 000€ en 1991 ou comme "La jeune Femme à la barque" du peintre impressionniste américain Frederick Carl Frieseke adjugé 320 000€ en 1994.
Jean-Claude Anaf a donc permis une autre vie à la Gare des Brotteaux, en aménageant la fameuse salle des ventes des pas perdus en un espace modulaire d'exception, conçu pour tous types de ventes ou d'expositions. Il se déploie sur 820m² d'exposition. Pour les ventes moins importantes, un dispositif d'éléments mobiles permet de recomposer l'espace. Jean-Claude Anaf fera aménager 300m² de bureaux dotés d'équipements informatiques pointus et performants.
Une vente record, "Clowns Musiciens" de Bernard Buffet, adjugés à 846 000 €
Le prestigieux repreneur
Le commissaire-priseur de renom Jean-Claude Anaf, est déjà implanté sur Lyon. Il organise des ventes de prestige au Sofitel, façonne son image grâce à la publicité, ses fameux catalogues. Véritable homme d'affaire au caractère audacieux et ambitieux, le commissaire-priseur a saisi l'opportunité de rachat de l'ancienne Gare des Brotteaux dans un but ultime, la reconnaissance !
Sur les 1 300 m2 qu’il a aménagé pour ses activités, il n’a gardé qu’un modeste bureau dans les tons de gris et noir, aux lignes aussi sobres qu'une épure : « Je suis en train de vivre des rapports de force très violents avec le lieu. Nous ne sommes pas encore habitués l’un à l’autre. De toute façon, il faudra bien que lui se fasse à moi ». (Source le journal de Libération, 16-02-1989)
D'un coup de maître, Jean-Claude Anaf rachète donc les parties les plus nobles de la gare désaffectée pour créer un somptueux Hôtel des ventes d'envergure internationale. La SNCF a donc vendu pour 8 Millions de Francs, ce bâtiment classé Monument historique à Me Anaf au lieu des 30 millions souhaités à l'origine.
L'Hôtel des Ventes après rénovation en 1990 | Source Bibliothèque Municipale de Lyon