Lors de la première guerre mondiale, entre les années 1915 et 1919, Lyon est un emplacement fort pour les échanges de prisonniers de guerre. Grâce à l’influence du Comité International de la Croix rouge et les autorités suisses, des accords de juin 1915 permettent l'échange de prisonniers blessés entre la France et l'Allemagne.
Les Brotteaux et la 1ère Guerre Mondiale
Les premiers trains sanitaires transportant des blessés arrivent en gare de Vaise, puis également à la gare de la Part-Dieu. Remplacée par la suite en novembre 1915 par la gare des Brotteaux, qui aura un rôle majeur pendant la 1ère guerre mondiale et principalement entre 1915 et 1919.
La ville de Lyon a permis l’échange de prisonniers entre la France et l’Allemagne. C’est une organisation pointue qui se met en place afin de faciliter au mieux l’arrivée des blessés français au train du matin de 8h35 et le départ des prisonniers allemands au train de 16h25. L’arrivée des français s’effectue sur la large place Jules Ferry située devant la gare des Brotteaux, alors que l’entrée des allemands se fait par l’étroite rue Béranger à l’arrière du bâtiment. Pas moins de 161 convois ferroviaires officiels de prisonniers de guerre sont arrivés en quatre ans et près de 90 000 ont pu être rapatriés.
Arrivée des soldats à la gare des Brotteaux | Source Bibliothèque Numérique de Lyon
L'infirmerie de la gare des Brotteaux
Les infrastructures hospitalières, la qualité de son personnel, ainsi que l'importante capacité d'accueil à Lyon font de la ville de forts atouts pendant la guerre mondiale. Le fait que Lyon soit éloigné du front et placé sur l’axe d’évacuation des chemins de fer PLM, Paris-Lyon-Méditerranée, la ville tient un rôle majeur dans le traitement des malades et des grands blessés de guerre.
Les blessés affluent malheureusement en masse en gare et sont placés directement dans les hôpitaux permanents. En 1914 Lyon compte deux hôpitaux militaires (HM) : l’hôpital Desgenettes, quai Gailleton (2°) et l’hôpital Villemanzy, montée St-Sébastien (1°). D'ailleurs, début septembre 1914, le lieutenant Charles de Gaulle est soigné à Desgenettes pour une blessure au genou.
Les hôpitaux des Hospices Civils de Lyon (HCL) comme l'Hôtel-Dieu, hôpital de la Croix-Rousse, Hospice de la Charité et hôpital de l’Antiquaille apportent le plus grand nombre de lits : 1800 lits, jusqu’à 2200 fin 1915, diminuant à 1450 lits fin 1918. Ces hôpitaux doivent assurer les soins pour la population.
Carte postale de l'évacuation des blessés à la gare des Brotteaux | Collection Tatig Tendjoukian
Des Hôpitaux temporaires
Mais très vite, la ville de Lyon est obligée d'aménager des hôpitaux temporaires par manque de place. Les infirmeries de la gare des Brotteaux font parties de ces hôpitaux temporaires. Elle deviendra la principale gare des grands blessés de guerre évacués du front ou rapatriés d'Allemagne et Lyon deviendra ainsi une véritable plaque tournante pour l'échange des prisonniers de guerre.
La mobilisation sanitaire aura eu un fort impact pendant la 1ère guerre mondiale, cet énorme effort de solidarité n’a été possible que par la mobilisation des autorités et des œuvres charitables et surtout par le dévouement du personnel soignant soit 10 à 12000 personnes dont une majorité de femmes. Dans le Rhône, environ 190 formations sanitaires (120 dans le Grand Lyon actuel) accueillirent entre 150 et 200 000 blessés et malades, dans environ 7000 lits. Il y eut environ 3000 décès (469 en 1914, 1035 en 1916), au 2/3 des malades(tuberculeux et grippe espagnole). Source des chiffres cités : le musée militaire de Lyon.
Personnel hospitalier pour la prise en charge des soldats | Source Bibliothèque Numérique de Lyon